mardi 8 avril 2008

Retraites : vers un front du refus ?

Nicolas Sarkozy et Xavier Bertrand semblent déterminés à imposer l’allongement de la durée de cotisation à 41 ans pour bénéficier d’une retraite pleine et entière. Les syndicats y sont opposés et sont à la recherche d’une réponse unitaire.

La défense du droit à la retraite apparaît déjà comme une première épine plantée dans les pieds de Nicolas Sarkozy, de François Fillon et de Xavier Bertrand, le ministre du Travail, au lendemain d’élections municipales et locales qui ont sanctionné leur politique. Les représentants du pouvoir ont beau cultiver une relative sérénité, il ne serait pas étonnant de voir, dans les semaines à venir, grandir un mouvement d’opposition à leurs projets.
Samedi dernier, des manifestations ont eu lieu dans toute la France. 2.000 personnes ont parcouru les rues de Lille, tandis que 15.000 manifestants battaient le pavé à Paris.
Les premiers jalons de la riposte sont donc posés. D’ici la mi-avril, Xavier Bertrand présentera des propositions. Mais il semble bien que le ministre doive déjà faire face à un front du refus contre l’augmentation de la durée de cotisation à 41 ans.

Cotiser une année de plus pour pouvoir bénéficier d’une retraite pleine, telle est donc l’orientation que le gouvernement s’apprête à prendre, dans la droite ligne de la réforme de 2003, et de la mise en cause des régimes spéciaux à la fin de l’année dernière.
Une décision une fois encore imposée au mépris des conditions de vie des travailleurs et des retraités, mais aussi d’un examen lucide d’une logique qui consiste à toujours faire payer les mêmes (les salariés), pour exonérer le patronat et les revenus financiers, laissant ainsi filer des sommes considérables qui seraient bien utiles aux budgets de la protection sociale.
L’économie obtenue par l’augmentation de la durée de cotisation (4,6 milliards en 2030) est plus que minime au regard du financement qui serait obtenu par cette simple mesure de justice.

Syndicats : « de grandes convergences » selon la CGT
Mais ce qui suscite aussi une forte réprobation, c’est que les pénalités et les décotes liées au recul de l’age de départ se traduiront par une nouvelle baisse du revenu des retraités. Inacceptable quand on sait que le pouvoir d’achat de ceux-ci est en chute libre depuis plusieurs années. Inacceptable encore, parce que pour nombre de salariés, la retraite est attendue, car elle leur permettra de souffler et de profiter de la vie, tout en libérant un emploi pour un jeune.L’heure, pour les syndicats, est à la recherche d’une initiative commune sur le sujet.
Les manifestations de samedi dernier avaient été organisées à l’appel de la CGT, de la FSU et de Solidaires. FO a appelé à des manifestations départementales le 16 avril. Il reste que l’ambition demeure l’unité pour la plupart des syndicalistes. Solidaires a ainsi appelé cette semaine à des nouvelles « mobilisations unitaires » indiquant que « contrairement à ce qu'affirme le gouvernement, le choix n'est pas entre baisser le montant des pensions ou augmenter la durée de cotisation ».

Une rencontre a eu lieu en début de semaine entre quatre confédérations : la CGT, FO, la CFTC et la CGC (la CFDT ne s’y est pas jointe, invoquant la publicité donnée à cette réunion sans toutefois « exclure » de travailler avec ses homologues). Pour Jean-Christophe Le Duiguou (CGT), « il existe de grandes convergences » entre les syndicats réunis, « sur l’objectif de la garantie d’un bon niveau de pension, sur la revalorisation des petites retraites, sur la réduction des inégalités, sur l’opposition à l’allongement à 41 années de la durée de cotisation et sur la priorité à une politique de l’emploi ».
L’ensemble des participants ont souhaité que « toutes les organisations syndicales puissent se retrouver dans le processus ». Autrement dit, l’objectif demeure d’obtenir de la CFDT qu’elle puisse s’intégrer à la construction de l’action.Voilà donc Nicolas Sarkozy et Xavier Bertrand prévenus. Car même si cela leur coûte, il leur faudra tenir compte, là aussi, de la rue.

Bruno CADEZ

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