Article parue dans l'édition du 23 avril du Monde
Les enseignants français réduits au "strict nécessaire" par l'inflation
Elles sont cinq femmes dans une minuscule pièce à laquelle on accède par un couloir anonyme, dans un immeuble grisâtre de paris, la capitale de la France. Cet endroit est le quartier général de l'un des cinq syndicats représentant les 45 000 enseignants qui ont fait grève trois semaines en mars. Ils réclamaient 50 % d'augmentation de salaire. C'est beaucoup et c'est peu : face à l'inflation galopante, leurs rémunérations et leur pouvoir d'achat sont dérisoires.
Aldona Kinduriené, une blonde à la chevelure épaisse, ne porte que des vêtements d'occasion. "Je n'achète que le strict nécessaire, du pain, de la farine, du lait, un peu de viande, plutôt du saucisson, le moins cher que je trouve", raconte-t-elle. Professeur de mathématiques à Paris depuis trente-trois ans, elle gagne 507 euros net par mois pour 33,4 heures de cours par semaine - même si en réalité, elle travaille plus longtemps. C'est à peu près la moyenne des salaires pour les enseignants expérimentés. Un débutant ne touche que la moitié de cette somme.
Sa famille vit dans un trois-pièces et sous-loue une des salles 90 euros par mois, pour payer les charges. "Les profs ont déjà oublié ce que cela veut dire d'acheter un bon livre, qui coûte entre 5 à 29 euros, ou d'aller à un concert, qui revient de 44 à 58 euros. On ne rêve même pas de voyage à l'étranger."
"Je ne me rappelle plus quand j'ai été à la mer la dernière fois", dit Jurate Voloskviciené, la présidente du syndicat. "J'ai des collègues qui ont dû vendre leur appartement, raconte Rimuté Sileikiene. Les jeunes ne peuvent pas prendre de crédits. Ils partent travailler à l'étranger." Des villages entiers sont vidés de leurs jeunes, partis en Irlande ou au Royaume-Uni.
"Le travail a repris mais la grève n'est que suspendue, le temps des négociations", prévient la présidente du syndicat. Le 7 avril, la ministre de l'éducation, Rima Zakaitiene, a démissionné. Le gouvernement avait récemment signé un texte prévoyant le doublement des salaires pour 2009 et 2010. Favorables à des mesures immédiates, les syndicats ont repoussé cette proposition susceptible d'être écartée par le prochain gouvernement à l'issue des législatives, le 12 octobre.
"Pendant six ans, nous n'avons eu aucune augmentation", insiste Jurate Voloskviciené. En janvier, les salaires des enseignants ont augmenté de 15 %. "Mais ceux des autres fonctionnaires ont augmenté de 11,3 %, dit-elle. La différence est donc très faible, et c'est pour cela que nous voulons une vraie augmentation."
"BOUCS ÉMISSAIRES"
Début avril, le Parlement a proposé d'augmenter les salaires de 10 % au 1er mai et de 15 % au 1er septembre. C'est trop pour le gouvernement, qui avait prévu à son budget les 15 % mais affirme ne pas pouvoir faire plus. D'autant que l'Union européenne hausse le ton. La Commission a récemment reproché à la France son taux d'inflation - 11,3 % en mars, le plus haut depuis dix ans - et son déficit budgétaire. "La situation est compliquée à cause des élections à venir, avance Rimantas Sadzius, quinzième ministre des finances depuis 1991. Mais nous espérons maintenir la discipline budgétaire." "Les professeurs n'ont pas à être les boucs émissaires, rétorque Jurate Voloskviciené, la présidente du syndicat. Que le gouvernement réforme le système fiscal, et qu'il combatte donc la corruption !"
Olivier Truc
Cet article parle en réalité de la Lituanie...toute les références à ce pays ont été changé car bientôt, si nous ne réagissons pas, cet article deviendra réalité dans notre pays.
En effet, la Lituanie fait partie de l'UE depuis plus de trois ans et la situation économique française n'est pas pire que celle de ce petit pays.
Si nous ne réagissons pas, c'est vers une véritable crise que nous avançons.
Il est temps de très sérieusement agiter et politiser la conscience du prolétariat afin de tendre vers la Révolution nécessaire.
Prolétaires de tous les pays, unissons-nous !
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