Je repense à la rencontre que nous avons eue le 24 novembre 2006. Un mot me vient : dignité.
Aimé Césaire restera pour moi un homme qui a regardé tout le siècle passé en face, l'homme de toutes les révolutions, poétiques et politiques.
Contre l'oppression du système colonial et l'exotisme de bon aloi, il a forgé, avec ses camarades, Léopold Sédar Senghor et Léon Gotran Damas, le concept de négritude. Aimé Césaire disait : « ce mot désigne en premier lieu le rejet. Le rejet de l'assimilation culturelle, le rejet d'une certaine image du Noir paisible, incapable de construire une civilisation. » Le discours du président à Dakar montre, ô combien, l'actualité de ce combat.
Aimé Césaire, ouvrant des chemins d'une identité debout, ne faisait pas de ce combat une affaire fermée. Il concevait son humanisme actif et concret à destination de tous les opprimés de la planète.
Sa poésie, dont André Breton disait quelle était « belle comme l'oxygène naissant », son théâtre, ont inventé une langue d'une grande puissance incantatoire jamais coupée de son idéal.
Fondateur du PPM, député de la Martinique, président du Conseil général et Maire de Fort de France, il a engagé sa pensée, comme élu, dans des actes utiles aux Martiniquaises et aux Martiniquais.
Tous les progressistes auront à coeur de faire vivre le poète, l'anticolonialiste, le progressiste dont l'oeuvre est encore bien nécessaire.
Lors de notre rencontre de mai 2006, nous avons échangé sur les raisons de son départ du PCF en 1956. Je lui ai remis un duplicata de sa lettre à Maurice Thorez dans laquelle il écrivait : "Je crois en avoir assez dit pour faire comprendre que ce n'est ni le marxisme, ni le communisme que je renie, que c'est l'usage que certains font du marxisme et du communisme que je réprouve". Il me redisait ce qu'il avait écrit quelques mois plus tôt à l'occasion du débat en France sur la loi du 23 février 2005 vantant les bienfaits du colonialisme : « Je reste fidèle à ma doctrine et anticolonialiste résolu ».
Un grand homme part. Mais Aimé Césaire marquera pendant longtemps les communistes et tous ceux pour qui émancipation et libération ne sont pas des mots vains.
Je transmets mes sincères condoléances à sa famille et à ses proches, aux militantes et militants qui ont agi avec lui, et à nos amis du PC Martiniquais. Une délégation du PCF se rendra à ses obsèques."
Marie-George Buffet, Ancienne ministre, Députée de la Seine St Denis, Secrétaire nationale du PCF
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