samedi 5 avril 2008

Harmonisation sociale européenne : la mobilisation des salariés appelle à plus d’ambition

Alors que les richesses produites par le travail font de l’Union européenne une zone des plus puissantes du monde, le constat dressé par la Confédération européenne des syndicats est accablant. 108 millions de travailleurs précaires, 25 millions de travailleurs pauvres, des transferts massifs en quelques années des revenus du travail vers les profits et la rente : la relation de cause à effets sociaux, dévastateurs commence à faire son chemin.

En France même, il n’est pas un jour où des ouvriers, des techniciens, des employés, dans l’industrie comme dans la finance ou les services ne se mettent en mouvement : Manpower, Coca Cola, Mondial assistance, Crédit du Nord, pour les seuls derniers jours. Après l’appel à la mobilisation contre la directive Bolkestein, l’initiative prise par la CS ce week end à Ljubljana souligne la convergence d’intérêts et de colère profonde des salariés du continent.

La pression inouïe sur le travail pour déboucher sur toujours plus de profits réservés aux mêmes devient insupportable. La simple vie courante devient de la survie. La chose est vraie dans le public comme dans le privé. Les tentatives pour organiser la concurrence des salariés entre eux au sein même de l’union commencent à trouver des limites. La grève spectaculaire des ouvriers de Dacia l’illustre de façon éclatante, tout comme l’initiative des syndicats européens. On l’a vu pour le commerce dans notre pays, on le constate à ce niveau international : la riposte nécessaire des salariés sera d’autant plus puissante et efficace que ceux ci pourront s’appuyer sur des syndicats unis pour relayer leurs luttes.

Doit-on augmenter les salaires ? Oui pensent des millions de salariés. Mais peut-on le faire ? Là est toute la question, qui ne relève pas que du seul champ syndical. Alors que la crise financière, née précisément de la prédation du travail vivant pour nourrir la spéculation sans frein, commence à faire subir ses effets dévastateurs sur l’économie réelle va-t-elle servir à durcir la « rigueur » que Fillon veut instaurer ?

Ou bien doit on en profiter pour remettre en cause les mécanismes mêmes qui provoquent l’austérité salariale et nourrissent cette même crise financière ? Où est l’efficacité économique et sociale quand un gouvernement veut supprimer dans l’année 35 000 postes de fonctionnaires et doit faire appel à des retraités ? Maintient-on le « bouclier fiscal » qui n’a rien à envier aux « parachutes dorés » ou va-t-on orienter vers la justice sociale, l’augmentation des salaires et du niveau de qualification une partie par exemple des 41 milliards d’euros de dividendes versés aux actionnaires des seules entreprises du CAC 40 ?

Voilà du grain à moudre pour les salariés et leurs syndicats comme pour les élus et responsables des partis de gauche.
La France va présider l’Union européenne, le semestre prochain. Ce sera l’occasion de mettre au défi le Chef de l’Etat d’accorder ses promesses et ses actes. »Nous devons être capables de proposer aux peuples européens une Europe où la politique monétaire ait aussi pour objectifs la croissance et l’emploi et pas seulement l’inflation » déclarait le candidat à l’Elysée en février 2007.

Est-ce compatible avec le traité de Lisbonne qui intime le contraire à la BCE dans son article 108 dans le plus pur dogmatisme libéral qui l’inspire ? Son article 105 entre autres stipule que « l’objectif principal du système européen des banques centrales est de maintenir la stabilité des prix » et qu’il doit agir « conformément au principe d’une économie de marché ouverte où la concurrence est libre ». On verra mais sans attendre l’Europe sociale, celle qui est sciemment oubliée par ce texte, celle de la défense de l’emploi, de l’augmentation du pouvoir d’achat, de l’exigence de qualification a rendez vous dans la rue.

Source : http://www.pcf.fr/spip.php?article2700

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