lundi 10 mars 2008

MM. Sarkozy et Fillon : « Pas de plan de rigueur » ?

Se défendant de préparer « un plan de rigueur » et dans un contexte brûlant qui est celui de l’inflation très élevée et de la baisse du pouvoir d’achat des français, François Fillon et Nicolas Sarkozy affichent pourtant leur détermination à accélérer les réformes antisociales de hausse des impôts, de reculs des services publics et de nouvelles pertes de pouvoir d’achat.

Le premier tour des élections municipales vient sanctionner cette démarche. Message que les électeurs vont pouvoir amplifier le 16 mars prochain lors du second tour.
Le premier ministre François Fillon a réagi vivement aux accusations lancées par la gauche : il n’y aura « pas de plan de rigueur » après les municipales. Jeudi, dans un entretien pour Le Figaro, Nicolas Sarkozy l’a réaffirmé solennellement.

Laurent Fabius et Ségolène Royal ont accusé tout à tour le gouvernement de préparer un plan de rigueur qui serait mis en œuvre après les scrutins des 9 et 16 mars. "Le 11 février, il y a eu une réunion au niveau européen des ministres des finances", a expliqué L.Fabius au Forum de Radio J dimanche 2 mars. "Vous savez que la France a été mise en accusation à cause de ses déficits. (…) La tonalité du débat qui a eu lieu c’est - Ecoutez, laissez-nous passer le cap des élections municipales, et ensuite nous prendrons des décisions-". "Toute l’Europe attend que le gouvernement prenne une série de décisions qu’on cache aux Français", a ajouté l’ancien Premier ministre de François Mitterrand. Ségolène Royal a renchérit mardi : « D’ailleurs M. Fillon ne l’a pas caché. Il a parlé de –réajustement-. (…) Qu’est-ce que ça signifie ? Ca veut dire une augmentation des impôts ? ». Ce mercredi, L. Fabius a insisté : « on risque demain d’avoir soit une augmentation de la CSG, soit de la CRDS, soit de la TVA et des amputations de crédits ».

François Fillon a démenti formellement précisant que le budget 2008 sera appliqué. Mais « Naturellement, en fonction de la croissance et des rentrées fiscales, comme tout gouvernement, on fait des ajustements sur les dépenses », a-t-il précisé. Eric Woerth, ministre du Budget, a cherché à rassurer également ce mercredi matin : « il n’y aura pas de hausses d’impôts » après les municipales. « On va tout simplement continuer d’une façon très approfondie à faire ce qu’on a commencé », a expliqué le ministre.

Dans un contexte brûlant qui est celui de l’inflation très élevée et de la baisse du pouvoir d’achat des français, le gouvernement n’a pas perdu de temps pour écarter toute mesure d’austérité. Eric Woerth a d’ailleurs précisé dans ses dernières interventions qu’il était « persuadé que l’inflation recommencera à diminuer à partir de la deuxième moitié de 2008 ». Nicolas Sarkozy soutient son Premier ministre qui affirme que la France atteindra son objectif de 2% de croissance en 2008, et ce malgré les prédictions du FMI et de la Commission européenne pour qui elle n’excèdera pas les 1,7%.

La droite cherche à sortir du débat et met l’accent sur la continuité des réformes. « Nous n’avons pas le droit à la pause. (…) Après les municipales, on va accélérer », a affirmé F.Fillon sur Europe 1. Le chef de l’État Nicolas Sarkozy a ajouté qu’"il n’y avait pas d’autre chemin que celui de la maîtrise des dépenses publiques, comprenez de la réduction du poids des dépenses publiques sur notre économie", réaffirmant entre autre sa volonté de ne pas remplacer un fonctionnaire sur deux partant à la retraite.

Les dépenses publiques : un poids pour l’économie ?
Interrogée mardi lors d’une conférence de presse, Marie George Buffet, secrétaire nationale du PCF, a déclaré : « ils vont continuer à aggraver la situation des hommes et des femmes de ce pays avec des réductions au niveau des moyens de l’État (…), avec la mise en place du tout libéral ». Depuis plusieurs mois, les mobilisations se multiplient et s’amplifient dans tous les domaines d’activité pour contester les amputations budgétaires du gouvernement, la casse des services publics et pour exiger des hausses de salaires. Vendredi 1er mars, c’était le monde de la culture qui s’était mobilisé contre le désengagement de l’État. Jeudi 5 mars, ce sont tous les syndicats de retraités qui appellent à manifester pour une augmentation des pensions. En outre, la liste* des entreprises touchées par des mouvements pour les salaires s’aggrandit de plus en plus.

Pour Marie George Buffet, la rigueur se situe déjà dans sa politique depuis un an et touche gravement les secteurs de la fonction publique, de l’éducation, de la santé, de la culture. Le gouvernement va s’attaquer toujours plus aux services publics, au droit du travail, aux retraites. Elle a rappelé le refus du gouvernement d’augmenter les salaires et les pensions. Nicolas Sarkozy a expliqué, ce jeudi dans Le Figaro, qu’il était hors de question d’augmenter les minima sociaux : "les hausses de salaires ne se décrètent pas. La stratégie qui consiste à augmenter sans fin le smic n’est pas la bonne". Pour la secrétaire nationale du parti communiste, c’est une « Raison de plus pour se mobiliser le 9 mars pour qu’il y est des élus de gauche déterminés qui vont se battre contre cette politique ». Le ton est donné. Lors d’un meeting commun mardi soir, la gauche a appelé à résister et à rejeter une politique du « tout libéral » qui n’a dieu que pour la concurrence et loi du marché. Eric Woerth a bien expliqué mercredi son projet : « la clé de tout, c’est la concurrence ».

Benoît Pradier

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