Évry (Essonne), vendredi 16 mai. Impossible de franchir la porte du centre de la Sécurité sociale de la rue du Facteur-Cheval sans apercevoir les énormes boîtes de médicaments « Sarkovir » ou, du moins, les banderoles « Franchises, la double peine ». Sans compter les militants qui interpellent tous les passants pour faire signer la pétition contre cette « réforme injuste ». Un texte que tout le monde signe d’ailleurs à tour de bras. « On est tous concernés. Moi, si la Sécu ne me rembourse pas la semaine prochaine, je ne pourrais pas manger, ni acheter mes médicaments », explique, tout en paraphant la pétition, une assurée venue porter sa feuille de remboursement.
À orléans, plus de 500 signatures
Partout en France, à l’initiative du Collectif anti-franchises et de la CGT, des militants se sont mobilisés vendredi devant les caisses primaires d’assurance maladie (CPAM) pour dénoncer les franchises médicales. L’occasion pour les initiateurs de cette convergence d’annoncer la création d’un nouveau mouvement : Ensemble pour une santé solidaire. « Aujourd’hui, ce ne sont plus seulement des professionnels de la santé qui dénoncent la politique gouvernementale de casse de la Sécu, ce sont des usagers », explique le texte fondateur de ce tout jeune collectif.
Des usagers et notamment de nombreux malades, tel Bruno Pascal Chevalier, ce malade du sida devenu le fer de lance de l’offensive antifranchises après s’être déclaré, début janvier, en grève des soins (grève des soins qu’il a d’ailleurs cessée ce même vendredi). Éric Taillandier fait lui aussi partie de ces malades qui ont décidé de se battre. Comme la plupart des personnes qui se sont engagées dans cette contestation, rien ne le prédestinait à l’action. « Je n’avais jamais milité avant », témoigne ce professeur de musique atteint de la maladie de Buerger et animateur du collectif orléanais Malades solidaires. « Il faut se battre, s’engager, car les gens ne voient pas les conséquences des franchises », explique- t-il. Sur Orléans, la journée d’action de vendredi s’est traduite par plus de 500 signatures. Un succès. « Les usagers, dont des malades qui n’ont jamais milité, veulent défendre le système de santé », analyse Christian Lehman, initiateur de l’Appel contre les franchises médicales et partie prenante du nouveau mouvement d’usagers : « Àpartir du moment où Bruno Pascal a mis les gens en situation, ceux-ci se sont rendu compte qu’ils étaient concernés au quotidien. Alors que la plupart n’ont pas l’habitude de rejoindre des organisations, aujourd’hui ils se mobilisent à leur niveau pour en parler et mener des actions locales. »
« Je mange ou je me soigne »
Il faut dire aussi que les malades sont de plus en plus nombreux à repousser certains soins ou à y renoncer. « Depuis vingt-quatre ans que j’exerce, c’est la première fois que des patients me disent “je mange ou je me soigne” », donne pour exemple le docteur Lehman.
Depuis la mise en place des franchises médicales au 1er janvier, les travailleurs sociaux, les personnels de la CNAM et les médecins ne cessent d’alerter sur les retards de soins et sur l’augmentation des demandes d’aide auprès des fonds d’aide sociale des CPAM ou des mairies. « D’un côté, on baisse les coûts de la Sécu en diminuant les remboursements et, de l’autre côté, les fonds d’aide sont en train d’être vidés. Où sont les économies ? », s’interroge Claude Pigement, responsable santé au Parti socialiste.
À peine créé, le mouvement a d’ores et déjà appelé tous les assurés à renvoyer au ministère de la Santé les lettres de relance de la Sécu les invitant à payer les franchises, barrées par la mention : « Non coupable d’être malade ».
Alexandra Chaignon
Source : http://www.humanite.fr/Les-collectifs-anti-franchises-medicales-fleurissent
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