lundi 17 décembre 2007

L’UMP et le Nouveau Centre (UDF) imposent les tests ADN et le fichage ethnique

Le projet de loi sur la « maîtrise de l’immigration, l’intégration et l’asile » a été voté en urgence, c’est-à-dire avec un seul passage devant l’Assemblée, et en catimini dans la nuit du 19 au 20 septembre. Seuls le PS, le PCF et Les Verts ont voté contre. Pourquoi en urgence alors que la loi a déjà été modifiée en 2006 sur les mêmes thèmes ?
Notre Président de la République délire-t-il encore sur le danger d’invasion d’hordes d’étrangers, alors que ceux-ci souhaitent simplement rejoindre leurs parents ou leur conjoint ? Qui notre Président peut-il être pour refuser à une famille le droit de vivre ensemble ?Serait-ce pour ne pas avoir l’air de lâcher d’un pouce sur le terrain nauséabond qui a permis à M. SARKOZY de se faire élire ?

Honte sur la République !
L’UMP et le Nouveau Centre (UDF) imposentles tests ADN et le fichage ethnique


Pour obtenir le droit au regroupement familial et pour les conjoints de Français, le projet de loi met en place une évaluation de la connaissance de la langue et des valeurs de la République, avec une formation de deux mois si nécessaire. Les conjoints de Français devront revenir dans leur pays d’origine pour faire leur demande. Les conditions de ressources pour vivre en famille devront être au moins égales au SMIC et la commission des lois a porté l’exigence à 1,33 fois pour les familles de six personnes ou plus. A ce compte-là, que faire des nombreux Français, travailleurs pauvres, RMIstes ou SMICards, qui ne remplissent pas ces conditions et veulent vivre avec leurs enfants ? Très clairement cette loi est destinée à permettre une immigration « choisie », celle des cadres ou de patrons qui auront les moyens de payer. Pas celle de ceux qui ont besoin de notre protection pour parfois simplement rester en vie, ensemble.Décidément notre devise « Liberté, EGALITE, Fraternité » en prend un coup…et cela au sein même de notre représentation nationale.

Ces conditions, déjà drastiques, ont paru encore insuffisantes à la majorité UMP et UDF qui a proposé la comparaison des empreintes génétiques (au frais du demandeur soit entre 300 et 400 € par test minimum) pour vérifier sa filiation et supprimer l’obligation de passage devant un juge au terme de 48 heures. Cette dernière disposition, contraire à la Convention Européenne des Droits de l’Homme devrait être cassée par la Cour Européenne. Mais combien de personnes auront payé cher, très cher, trop cher, ce cafouillage organisé sciemment ?Cette fois la majorité UMP/UDF impose aux candidats au regroupement familial ce que la loi française interdit pour nos concitoyens : depuis 1994, la loi française rappelle qu’une famille ne peut se réduire à sa dimension biologique. Les députés de droite, à l’époque, avaient voté cette loi. Ils se dédient aujourd’hui en se ralliant à cette disposition humiliante et liberticide qui foule aux pieds tous les principes de notre République !Et depuis quand l’amour d’un parent pour son enfant peut-il être chiffré ? Combien d’entre nous pourrait s’offrir un test à 400€ pour prouver l’évidence ? Sans oublier les enfants adoptés ou, bien entendu les conjoints, pour qui un tel test ne sert à rien, les éventuels dégâts irréversibles causés dans une famille par la révélation d’un secret de paternité, etc. Sans oublier une question : qui raflera « ce nouveau marché » ? Qui engrangera les dividendes de l’inégalité et de l’humiliation ? Quel pactole à offrir aux grands laboratoires !

Jamais à court de (mauvaises) idées, ils ont également voté un nouvel article à double entrée : la mise en place d’un système informatisé des bénéficiaires de l’aide au retour et l’autorisation des traitements informatisés « dans le cadre d’études sur la mesure et la diversité des origines de la personne ». La mise en place, en clair, d’un fichage « ethnique ».Les syndicats de l’INSEE avaient d’ailleurs immédiatement réagi. « L’inclusion de cet amendement dans cette loi ne laisse pas de doute sur son objectif final : il s’agit bien d’imposer un référentiel « ethno-racial » visant à distinguer les personnes qui participent de « l’identité nationale » de celles qu’il convient de surveiller, de rejeter, d’expulser », écrivent-ils. La constitution de telles bases de données rappelle des souvenirs noirs d’une époque que l’on espérait révolue. Comme souvent notre Président n’est pas à un cynisme prêt : invoquer la mémoire de Guy Mocquet d’une part et dresser des fichiers ethniques de l’autre !

Voilà donc la dernière trouvaille de l’UMP et de leurs complices UDF: le test ADN pour être sûr que l’enfant est bien de la même famille que celui ou celle qui demande le regroupement familial (ce résultat n’aurait de toute façon aucune valeur d’acceptation automatique du dossier). Mais nos éminents parlementaires ont-ils vraiment pensé à tout : sont-ils tous sûrs d’être les enfants de leurs pères et les pères de leurs enfants ? Sans l’ombre d’un doute possible ? ? Et si on leur demandait de subir un test ADN à eux aussi ? Histoire d’être sûr que tout le monde est logé à la même enseigne…au nom de l’Egalité Républicaine…


Sources : L’Humanité du 18 septembre, Libération du 18 septembre
Aliénor DE COOMAN

Mardi 18 septembre, dans Libération, on pouvait lire l’interview du docteur Claude Huriet sur le sujet :
Claude Huriet, président de l’Institut Curie, est à l’origine de la loi protégeant les personnes se prêtant à des recherches biomédicales (loi Huriet). Il a également joué un rôle majeur dans l’élaboration des lois de bioéthique. Médecin, il a été sénateur centriste de Meurthe-et-Moselle et membre, durant six ans, du Comité national consultatif d’éthique.%%%
« Etes-vous favorable à l’inclusion de tests génétiques de filiation dans les dossiers de demande de regroupement familial ?
Non, d’aucune façon. Je le dis sans détour. Cette disposition serait contraire à la loi de bioéthique dont s’est dotée la France dès 1994 et dont la révision, en 2004, n’a amené, sur la question des tests génétiques, aucune modification, aucune objection. On ouvre des brèches, on prévoit une dérogation pour les étrangers, on vide la loi de sa substance. Selon cette loi, les tests ADN ne peuvent être réalisés en France que sur saisine judiciaire, lorsqu’il s’agit d’établir une filiation dans un contexte particulièrement grave. Or, voilà que la loi sur l’immigration rendrait banale, pour les étrangers, une pratique de tests que le législateur avait considérée comme devant rester exceptionnelle, en France. On balaye ainsi des considérations éthiques au nom de la lutte contre la fraude à l’immigration. Demain, ce sera pour protéger l’ordre public. Jusqu’où ?

Pourquoi êtes-vous hostile à une banalisation de ces tests ADN ?
Pour des raisons éthiques, psychologiques et sociologiques, qui sont encore plus importantes, bien entendu, que le fait de vider une loi de son contenu. On sait les ravages, dans une famille, que peut produire la révélation d’une absence de lien de filiation. En demandant ces tests, on accepte de mettre en péril une structure familiale. Et puis, il y a le problème des familles recomposées. Je ne vois pas en application de quel principe des enfants issus d’un premier lit seraient écartés du regroupement familial. Sans parler des enfants adoptés. Au nom de quoi un père adoptif n’aurait-il pas le droit de demander que ces enfants le rejoigne ? Il ne faut pas jouer avec des tests aux implications aussi graves.

Ces tests de filiation sont pourtant libres d’accès dans plusieurs pays européens. Et ils sont «recommandés» par certains services d’immigration. Des sociétés de biotechnologie américaine spécialisées dans les tests ADN ont même développé, sur Internet, un service de test dédié aux candidats à l’immigration…
C’est un très mauvais argument : «Voyez les autres, ils le font, faisons de même ! » En matière d’éthique, les moins-disants, les plus laxistes sont toujours les mieux placés. Je ne vois pas pourquoi on devrait accepter un nivellement par le bas et un renoncement à nos valeurs. »

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