vendredi 6 juin 2008

Les mensonges du président

« Le problème de la France, c’est qu’on ne travaille pas assez ».
La durée légale du travail est le seuil hebdomadaire qui déclenche l’application du régime des heures supplémentaires. Depuis 1999, elle est fixée à 35 heures hebdomadaires. Une référence, et non un indicateur du temps de travail réellement effectué par un salarié, qui tient compte des heures supplémentaires, qu’elles soient rémunérées ou non. Selon la dernière enquête réalisée par l’office européen des statistiques Eurostat, le nombre d’heures travaillées par semaine des personnes ayant un emploi à temps plein est en France de 41 heures en moyenne annuelle. En comparaison, la France se situe non loin de la moyenne européenne évaluée à 41,9 heures. Elle est même supérieure à celle des pays du Nord, modèle de la flexicurité…

« Plus de flexibilitéaux entreprises »
Dans une économie mondialisée, les entreprises auraient besoin de flexibilité pour répondre au plus près aux fluctuations du marché. Un argument principal du patronat, repris par le chef de l’État. Question souplesse, outre l’annualisation, les entreprises disposent, depuis la loi de 2004, d’un volant de 220 heures supplémentaires par salarié. Or les chiffres publiés par la DARES (ministère de l’Emploi) sont éloquents. Depuis 2002, les entreprises n’ont jamais dépassé le contingent autorisé. De plus, les 35 heures ont été habillement utilisées par le patronat. Le chantage à la délocalisation et/ou à la fermeture ont fait pression sur les salariés. Depuis la loi Aubry, la productivité horaire de la France a pulvérisé les scores, bien au-dessus de l’ensemble des pays de l’OCDE, à l’exception de la Norvège. Un avantage compétitif non négligeable.

« Travailler plus pour gagner plus »
La réponse du président de la République à la chute du pouvoir d’achat est dans toutes les bouches. Mais seuls les plus riches ont gagné plus… sans forcément travailler davantage, grâce au paquet fiscal. Chômeurs, cadres et salariés sans décomptes horaires, travailleurs indépendants, professions libérales sont exclus de la mesure. Lorsque le salarié rentre dans les clous de la loi, il est comme toujours soumis au bon vouloir de son employeur, qui décide in fine d’accorder des heures supplémentaires. Le rachat des RTT ne concerne au mieux que 15 % de la population française et, pour ceux qui y ont droit, elle ne constitue qu’une source de revenus très aléatoire, qui ne permet pas la réalisation de projets.

« Mon rôle : gagner cepoint de croissance qui nous manque »
La croissance dépend de la consommation, de l’investissement, des dépenses publiques et du commerce extérieur. Si le commerce extérieur s’est amélioré depuis le dernier trimestre 2007, la modération salariale prônée par Sarkozy et Trichet (président de la BCE) n’aide pas à la relance de la consommation. Par ailleurs, le gouvernement de droite ne se pose nullement la question d’une répartition de la richesse en faveur des salariés. Depuis vingt ans, la part des salaires dans la valeur ajoutée n’a cessé de baisser, 9,8 % entre 1983 et 2006, au détriment de la consommation. Pis, alors que la part réservée au capital augmente, dans cette part la proportion réservée à de nouveaux investissements diminue, au profit des actionnaires. Contraint par les règles du pacte de stabilité de Bruxelles, le gouvernement organise des tailles dans les dépenses publiques. En réalité, c’est une politique de la demande, qui favorise les salariés, l’investissement productif et les services publics, qui permettra de relancer la croissance.

Clotilde Mathieu

Source : http://www.humanite.fr/2008-06-05_Politique_Les-mensonges-du-president

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