vendredi 6 juin 2008

Cuba a appelé au Sommet de la FAO à refuser la démagogie, l’hypocrisie et les fausses promesses

Intervention du premier vice-président, José Ramon Machado Ventura, au premier jour des débats

PAR ELSON CONCEPCION PÉREZ, envoyé spécial
ROME, le 3 juin. – La voix de Cuba s’est fait entendre dans l’après-midi quand le premier vice-président des Conseils d’État et des ministres, José Ramon Machado Ventura, est intervenu devant des dizaines de chefs d’État et de gouvernement, presque une centaine de ministres et autres fonctionnaires convoqués par la FAO au Sommet sur la sécurité alimentaire, les problèmes du changement climatique et la bioénergie, qui a ouvert des débats ce mardi dans la capitale italienne.

Le discours :
Monsieur le Président,
À cet endroit même, il y a 12 ans, la communauté internationale avait décidé d’éradiquer la faim dans le monde. On avait établi un objectif : celui de réduire le nombre de personnes sous-alimentées de moitié pour l’année 2015. Cet objectif, timide et insuffisant, paraîtrait aujourd’hui une chimère.
La crise alimentaire mondiale n’est pas un phénomène circonstanciel. La gravité de ses récentes manifestations, dans un monde qui produit assez d’aliments pour tous, démontre de façon évidente sa nature systématique et structurelle.

La faim et la malnutrition sont les conséquences d’un ordre économique international qui entretient et approfondit la pauvreté, les inégalités et l’injustice.
Les pays du Nord ont une responsabilité indiscutable dans la faim et la malnutrition de 854 millions de personnes. Ils ont imposé la libération commerciale entre des acteurs clairement inégaux, et les recettes financières d’ajustement structurel. Ils ont provoqué la ruine de nombreux producteurs dans le Sud et transformé en importateurs nets d’aliments des pays qui autrefois étaient autosuffisants et, même, exportaient.

Les gouvernements des pays développés refusent d’éliminer les scandaleuses subversions agricoles, alors qu’ils imposent leurs règles au commerce international. Leurs voraces transnationales établissent les prix, monopolisent les technologies, imposent des brevets injustes et manipulent les canaux de distribution, les sources de financement, le commerce et les intrants pour la production mondial d’aliments. Ils contrôlent, en outre, le transport, la recherche scientifique, les fonds génétiques et la production d’engrais et de pesticides.

Le pire c’est que si tout cela continue, la situation va encore s’aggraver. Les modèles de production et de consommation des pays développés accélèrent le changement climatique, qui menace l’existence même de l’humanité. Il faut les remplacer. Le désir irrationnel de perpétuer cette funeste surconsommation, a débouché sur la sinistre stratégie de transformer les grains et les céréales en carburants.

Les pays non-alignés ont appelé au Sommet de La Havane à établir un monde pacifique et prospère et un ordre mondial juste et équitable. C’est la seule voie pour trouver une véritable solution à la crise alimentaire.
L’alimentation est un droit humain inaliénable. À l’initiative de Cuba, ce droit a été confirmé depuis 1997 par des résolutions successives adoptées à l’ancienne Commission des droits de l’homme et ensuite au Conseil, et par l’Assemblée générale des Nations unies. Notre pays, en représentation des pays non alignés, et avec le soutien de plus des deux tiers des membres des Nations unies, a promu aussi la convocation de la septième session extraordinaire du Conseil des droits de l’homme, qui vient d’encourager l’adoption de mesures concrètes pour la solution de la crise alimentaire globale.

La faim et la malnutrition ne peuvent pas être éradiquées avec l’adoption de mesures palliatives. Non plus avec des dons symboliques qui, soyons honnêtes, ne couvriront pas les besoins et encore moins durablement.
Il faut au moins reconstruire et développer la production agricole des pays du sud. Les pays développés disposent largement de ressources pour cela. Ce qui manque c’est la volonté politique de leurs dirigeants.

Si les dépenses militaires de l’OTAN sur une année, étaient réduites de 10%, presque 100 milliards de dollars seraient ainsi libérés.
Si on annulait la dette extérieure des pays en développement, que nous avons déjà payée plus d’une fois, les pays du Sud disposeraient de 345 milliards de dollars annuels qu’ils consacrent aujourd’hui à son remboursement.
Si les pays développés respectaient leur engagement de consacrer 0,7% de leur Produit intérieur brut à l’Aide officielle au développement, les pays du Sud disposeraient d’au moins 130 milliards de dollars supplémentaires chaque année.


Je termine en rappelant les paroles de Fidel Castro devant l’Assemblée générale des Nations unies, à New York, en octobre 1979 :
« Le bruit des armes, du langage menaçant, de l’arrogance sur la scène internationale doivent cesser. Il faut en finir avec l’illusion que les problèmes du monde peuvent se résoudre avec les armes nucléaires. Les bombes pourront tuer les affamés, les malades, mais elles ne peuvent pas tuer la faim, les maladies, l’ignorance. »
Merci beaucoup

Source : http://www.granma.cu/frances/2008/junio/mier4/machado.html

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