La délégation de la Haute-Garonne était composée de Nafis Ghazouane et moi-même. Nous avons été désignés par nos camarades pour défendre les idées de notre fédération. Sur place, nous avons pu constater la richesse des débats. Cette fois-ci, la direction nationale a clairement défendu son projet réformiste, ce qui a provoqué une vive discussion d’un bon niveau politique.
Les dirigeants du MJCF avancent sérieusement l’idée qu’il faut mobiliser la jeunesse pour de « nouveaux droits », et que de nouveaux droits en nouveaux droits, on finira par « dépasser le capitalisme ». On est frappé par l’absence des travailleurs dans ce beau projet. Or, est-ce que la jeunesse a jamais gagné quoi que ce soit sans un mouvement d’ensemble des salariés, jeunes ou non ? On nage ici dans le pur « jeunisme » : les dirigeants de la JC ont tout bonnement oublié la division de la société en classes et leur lutte permanente.
Le « dépassement » du capitalisme – mieux vaudrait dire son renversement – ne peut être la conséquence d’un amoncellement progressif de « droits » nouveaux. Cela passe par l’abolition de la propriété privée des moyens de production, c’est-à-dire par l’expropriation des capitalistes. Or, cette idée fondamentale du communisme ne figure nulle part dans le programme défendu par les réformistes.
Personne, dans le mouvement communiste, ne s’opposera à l’obtention de nouveaux droits pour les jeunes et les travailleurs. Mais force est de constater que c’est l’inverse qui se produit, actuellement. Loin d’accorder de nouveaux droits, les capitalistes exigent qu’on nous enlève nos droits actuels. Avant de promettre aux jeunes de « nouveaux droits », il faudrait leur expliquer comment conserver ceux que la classe ouvrière a conquis par ses luttes passées. Or, au lieu d’un programme cohérent et réaliste pour anéantir le pouvoir de la classe dirigeante, au lieu d’un programme communiste dirigé contre la grande propriété capitaliste, la direction dessine un bel arc-en-ciel de revendications « pour les jeunes », dans le vide.
Lors de la séance ayant pour titre « Travail : précarité ou émancipation ? », les interventions de nombreux militants – dont ceux de Toulouse – ont placé au centre du débat les questions des nationalisations et du rôle du MJC par rapport aux syndicats. Parmi les camarades qui développaient ces thèmes, il y avait ceux des Bouches-du-Rhône. Avec des orateurs assez sûrs d’eux, ils ont défendu la nécessité de nationaliser les grandes entreprises sous le contrôle des salariés. Ils étaient bien organisés : chacun d’eux a pris la parole pour exprimer les mêmes idées, mais différemment. Nous étions d’accord avec plusieurs points de leurs interventions, qui tranchaient avec la théorie fumeuse des « nouveaux droits ».
Ceci dit, nous avons pu constater, une fois de plus, que les camarades dirigeants des Bouches-du-Rhône sont très hostiles aux camarades toulousains. Par exemple, ce n’est pas un hasard si, dans son compte-rendu de l’ANA, Nicolas Maury « oublie » la Haute-Garonne de la liste des fédérations qui devraient avoir des représentants au Conseil National. Pourtant, Nicolas a entendu comme tout le monde mon intervention, que voici :
« Lors du dernier Congrès National, la JC de Haute-Garonne s’est vu refuser les candidatures qu’elle avait validées lors de son congrès local, car – je cite – “la direction nationale ne vous fait pas confiance”. Depuis, nous avons fait nos preuves et montré notre sérieux, pendant que l’ancienne direction de la JC de Toulouse soutenait José Bové. On a consolidé l’organisation locale. Nous avons notamment mené des activités sur le Venezuela, Cuba et la Palestine. Nous allions théorie et activités : nous sommes donc une force de proposition et de débat.
Avec les scandales d’EADS et la position de Toulouse comme deuxième ville étudiante de France, il est absolument anormal que la plus grosse fédération du sud-ouest ne soit pas représentée au Conseil National.
Le camarade que nous proposons, d’origine vénézuélienne, est directement connecté à l’actualité de ce pays. Secrétaire fédéral de la JC 31, il y milite depuis trois ans. Il répond à tous les critères définis par la commission des candidatures, et je ne comprends toujours pas pourquoi il n’a pas été retenu. »
Encore une fois, nous sommes d’accord avec certaines idées défendues par les dirigeants des Bouches-du-Rhône. Mais de leur côté, Nicolas Maury et quelques autres appuient la direction réformiste du MJC dans sa tentative de marginaliser les camarades toulousains. Pourquoi ? Parce qu’ils sont très hostiles à La Riposte, dont les idées sont partagées par la grande majorité des militants du MJCF de Haute-Garonne. Ils ont une sainte horreur de Léon Trotsky (sans en connaître grand chose), alors que nous considérons Trotsky comme l’un des plus grands théoriciens du marxisme. A plusieurs reprises, nous leur avons proposé un débat public sur ces questions, mais ils l’ont refusé au motif que nous serions des « gauchistes ». Ils préfèrent se livrer aux dénigrements de couloir. Ceci n’a rien à voir avec les méthodes et les traditions démocratiques du mouvement communiste ! Pour notre part, nous renouvelons notre invitation à débattre publiquement avec ces camarades, en espérant qu’elle aura davantage de succès que les fois précédentes.
Christophe C. (MJCF Toulouse)
Source : http://www.lariposte.com/Compte-rendu-de-l-Assemble-Nationale-des-Animateurs-1036.html
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