Le premier ministre François Fillon a annoncé lundi 25 février une "opération coup de poing" avec pour objectif "de voir où sont les abus". Pour l’opposition, le gouvernement brasse du vent.
L’Institut national de la consommation (INC) publie mardi une enquête dans son mensuel 60 Millions de consommateurs sur la flambée des prix de l’alimentation. De 31% à 45% d’augmentation pour les spaghettis, 17% à 40% pour les yaourts, 10% à 44% pour le jambon. Des hausses atteignant parfois près de 50%.
Michel Edouard Leclerc, le patron de l’enseigne Leclerc, annonçait lundi que ces prix allaient encore augmenter de 4% d’ici avril. Il a reporté la responsabilité aux entreprises agroalimentaires du CAC 40 qui pratiquent des hausses de prix. Une étude de l’ILEC avait montré que de 1996 à 2006 les marges des distributeurs étaient passés de 26% à 36% sur les produits de grandes marques.
Dans un chahut général où chacun se renvoie la responsabilité, François Fillon, premier ministre, a annoncé lundi une "opération coup de poing" avec pour objectif "de voir où sont les abus" qui ont conduit à cette augmentation. Il donne la preuve sans l’avouer de l’échec de la loi Galland.
Engagée en décembre, la loi qui intervient dans les relations entre distributeurs et industriels, avait pour but de d’assouplir le seuil de revente à perte et donner la possibilité de baisser les prix plus facilement. Jean-François Copé, président du groupe UMP l’Assemblée nationale, a insisté sur le fait que « le gouvernement doit se mobiliser dare-dare pour mettre en place un dispositif de transparence ». Alors qu’un sondage BVA annonçait la semaine dernière que 58% des français estiment la politique économique mauvaise, le gouvernement peine à masquer son impuissance en matière de pouvoir d’achat.
Pour l’opposition, le gouvernement brasse du vent. François Hollande a appelé les français, face à un président qui « n’a pas tenu ses promesses sur le pouvoir d’achat », à « envoyer un coup de semonce » à l’occasion des élections municipales et cantonales".
Pour le Parti Communiste, « plutôt que de faire du cinéma, le gouvernement pourrait apporter des réponses immédiates et utiles pour le pouvoir d’achat des français, comme par exemple, une baisse immédiate de la TVA sur les produits de première nécessité ». Il rappelle également que « La première cause de la crise du pouvoir d’achat, c’est la faiblesse des salaires ». « Le gouvernement ferait mieux de mettre autant d’énergie à augmenter les salaires plutôt que de faire semblant de s’attaquer à la vie chère ».
C’est bien ce que revendique de plus en plus les salariés dans les entreprises et la fonction publique : augmenter les salaires. On le voit aujourd’hui avec les caissières de la grande distribution, avec les salariés de la RTM (Régie des transports de Marseille), à Air France, à EADS, à la société S3V qui gère le domaine skiable de Courchevel, etc… la liste augmente de jour en jour.
Mais la question des salaires, le gouvernement refuse d’y répondre. Suite aux augmentations de salaires de 5,2% arrachées la semaine dernière par les sidérurgistes allemands, la Banque Centrale Européenne (BCE) a vite rappelé à l’ordre : « la BCE ne tolérera pas de spirale inflation–salaires » dans les quinze pays de la zone euro.
Pour Nicolas Bouzou, économiste au cabinet d’études économiques Asterès, cela n’a aucun sens. Aujourd’hui, les salaires reposent sur un partage des revenus de la productivité alors que les prix du pétrole et de l’alimentation dépendent de la guerre des cours internationaux sur le marché mondial. La hausse des salaires n’est aucunement inflationniste, ce qui la bloque aujourd’hui c’est l’accaparement des revenus financiers par les actionnaires.
Benoît Pradier pour Humanite.fr
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