vendredi 5 septembre 2008

De l’exploitation de la misère carcérale

Chaque homme transgressant le contrat social, liant chaque individu aux autres et nécessaire pour la sécurité de chacun, doit répondre de ces actes devant la Justice. Cette dernière, ultime recours où la coercition prime, malheureusement, sur la prévention, décide parfois que la prison (et donc la privation de la liberté de circuler) servira d’école qui remettra le détenu dans le droit chemin.

Si l’on peut s’interroger sur la pertinence de ce dispositif contraignant, nul ne peut nier que la situation carcérale est devenue plus que tendue la principale cause étant la surpopulation des établissements pénitentiaires. Par ailleurs, se faire côtoyer de simples consommateurs de cannabis avec des trafiquants de cocaïne ou des braqueurs de bar-tabac n’est certainement pas un moyen d’aider à la réinsertion des premiers.

Mais, en dehors de ces constats qui, hélas, ne surprennent et n’indignent plus grand monde, la question du Travail dans les prisons est un sujet délicat. Certes, le prisonnier-travailleur reçoit un subside pour les heures de labeurs qu’il consent à effectuer mais qui accepte ce travail ? Un braqueur multirécidiviste retrouvera une part de son butin à sa sortie et un narco-trafiquant de grande ampleur ne s’inquiète généralement pas de son niveau de vie. Alors c’est le « petit délinquant », qui est, en partie, incarcéré car la société ne lui donnait pas d’autre choix que les petites combines et les magouilles en tout genre (Bourdieu fustigeait déjà ce phénomène en 1970) qui acceptera. Or cet homme oppressé par un système capitaliste le laissant « en dehors » du contrat social qui, finalement, a été largement récupéré, instrumentalisé et mis au service de la bourgeoisie, se retrouve, à nouveau, exploité dans l’enceinte de la prison. Ce sont donc, une fois de plus, les plus démunis qui tombent dans la gueule carnassière des capitalistes.

Et encore, si les produits manufacturés de cette façon étaient destinés à être distribués, par l’Etat au nom de la Solidarité Nationale, aux personnes âgés dans le besoin par exemple ! Mais non ! Notre Etat, toujours prêt à aider la classe dominante, offre les détenus de la République aux entreprises privées !

Sur le site http://nord.travail-penitentiaire.fr/index.htm, le ministère de la Justice propose des « solutions adaptées » et un « réseau spécialisé en sous-traitance » aux entreprises. L’ANPE n’étant plus capable de proposer du travail rémunéré correctement aux chômeurs, l’Etat propose une exploitation des détenus, promettant de la « proximité », de la « réactivité », de la « flexibilité », le « respect des délais » et surtout la « maîtrise des coûts » ! En somme, tout ce dont une entreprise peut rêver : de la main d’œuvre disponible 24H/24, des coûts bas et surtout la certitude qu’aucune plainte ne pourra émaner des « employés »… L’inspection du Travail est-elle prête à examiner les conditions dans lesquelles ce travail est effectué… ?

Plus besoin pour les entreprises industrialo-métallurgiques de s’expatrier aux confins du Pakistan ou de l’Indonésie pour faire travailler des enfants à la chaîne puisque le gouvernement français propose une main d’œuvre comparable !

Décidément la bourgeoisie, encouragée par l’Etat, ne cesse de trouver de nouveaux moyens de profiter de la misère qu’elle engendre. Le gouvernement français nous apporte une nouvelle preuve (dont on se serait bien passé) qu’il est plus que jamais du côté des exploiteurs, des bourgeois, des bouchers capitalistes dépeçant les prolétaires. Il n’est d’autre alternative à cette situation qu’une Révolution prolétarienne mettant à bas le système de production actuel. Camarade, pour le salut de l’Humanité écrivons la suite de l’Histoire !

Par Alexandre et Aliénor

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