lundi 28 janvier 2008

Franchises : 300 000 signatures !

La population ne doute plus du caractère injuste et injustifié de la mesure. En témoignent les centaines de milliers de signatures recueillies par les pétitions.

La mobilisation contre les franchises s’étend de jour en jour. Il faut dire que la réalité crève les yeux : plus on est malade, plus on est taxé. Il n’y a qu’à lire ce témoignage (un parmi des milliers d’autres), recueilli sur le site de Bruno-Pascal Chevalier, ce malade du sida qui a alerté l’opinion début janvier en entamant une grève des soins. « Diabétique, atteint de l’hépatite C et de surcroît au chômage, j’ai du mal à me faire suivre par mes médecins malgré ma prise en charge à 100 %. (…) À 28 euros la consultation, cela devient très dur à assumer et je suis obligé de "chromer" tant à la pharmacie que chez le toubib. » Grâce à l’action de Bruno-Pascal Chevalier, celui par qui le scandale est arrivé, les malades ont pu prendre la parole et mettre en lumière l’injustice de cette loi scélérate, qui s’attaque une fois encore aux plus pauvres.

« combien faudra-t-il de signatures ? »
En même pas un mois, les Français ont découvert la réalité des franchises. Indignés, ils ont aussitôt réagi en signant massivement les pétitions qui circulaient contre cette mesure. L’une, lancée par l’Union confédérale des retraités CGT, a recueilli plus de 200 000 signatures, tandis que celle initiée par le collectif contre les franchises médicales, réunissant professionnels de la santé, partis politiques, syndicats et associations, en a comptabilisé plus de 100 000. Soit au total plus de 300 000 signatures. De quoi mettre le gouvernement au pied du mur. Comme le souligne lui-même Bruno-Pascal Chevalier, « ce mouvement de contestation n’est pas un mouvement isolé ». « Mais combien faudra-t-il de signatures pour que la ministre reprenne sa copie ? » s’interroge-t-il.

D’abord relativement discrets, les politiques ont depuis quelques jours pris le dossier à bras-le-corps. « Il faut aboutir à l’abrogation de cette loi », martèle le Parti communiste français, dont la secrétaire nationale Marie-George Buffet a été l’une des premières figures politiques à soutenir le gréviste des soins. Depuis, de nombreux ont suivi : la Ligue communiste révolutionnaire, les Verts, et dernièrement le Parti socialiste. François Hollande, le premier secrétaire du PS, a promis d’intervenir de manière récurrente lors des traditionnelles questions au gouvernement à l’Assemblée nationale pour demander le retrait des franchises.
Entre-temps, des associations - la FNATH (Fédération nationale des accidentés de la vie et des handicapés) et l’ANDEVA (victimes de l’amiante) - ont déposé en début de semaine un recours devant le Conseil d’État concernant le décret d’application des franchises médicales, arguant qu’elles portent atteinte au onzième alinéa du préambule de la Constitution de 1946.

un enjeu pour les municipales
Le bras de fer est donc engagé. Mercredi d’ailleurs, Jean-Louis Touraine, député PS du Rhône, a posé clairement la question à la ministre de la Santé. « Accepteriez-vous de revenir sur cette mauvaise mesure ? », a-t-il demandé, après avoir rappelé les conséquences de celle-ci. « Les franchises médicales vont dissuader nombre de patients de se faire soigner précocement et efficacement. (…) Face à ce drame, vos réponses apparaissent en décalage, sans compassion ni empathie. Celle effectuée par écrit par le président de la République est en outre fausse, traduisant la méconnaissance par M. Sarkozy des lois qu’il a suscitées : non, les franchises médicales ne peuvent pas, au terme de la loi, être assurées par des organismes complémentaires et ne peuvent donc pas être remboursées. La plupart des malades n’ont d’autre solution que de payer ou de renoncer aux soins ! »

Sans surprise, la ministre de la Santé a biaisé : « Notre système d’assurance maladie assure une solidarité parmi les plus élevées du monde, avec 80 % des dépenses remboursées. » Et encore une fois, elle a tenu à rappeler que « 15 millions de nos concitoyens les plus fragiles » étaient exonérés des franchises. « Celui qui a entamé une grève des soins parle pour tous les autres malades. Cela devrait être de nature à faire réfléchir ceux qui ont prôné une telle mesure », estime Jacqueline Fraysse, députée PCF et par ailleurs médecin. Pour elle, l’ampleur du mouvement « va peut-être permettre de revenir sur la loi de financement de la Sécurité sociale », validée par le Conseil constitutionnel. « Le fait qu’on voie concrètement les conséquences de cette mesure ne peut que stimuler les parlementaires, y compris de droite, qui, pendant le débat, étaient mal à l’aise », espère la députée des Hauts-de-Seine. « On va tout faire pour que ça bouge », insiste-t-elle, soulignant « l’enjeu » que représentent les franchises médicales dans la campagne des élections municipales à venir.

Alexandra Chaignon

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