Dans une blague russe bien connue figure cette phrase : « Ben voilà, les potes, j’ai bu tout l’argent… » C’est la première chose qui vient à l’esprit quand on découvre la dernière initiative de nos « producteurs de marchandises ». Que des blagues, et des biens salées. Voici ce dont il s’agit. Malgré les invocations hystériques du régime et des médias sous contrôle, qui prétendent qu’il n’y a pas de crise en Russie, parce qu’il ne peut pas y en avoir, la crise est bien là. Une crise pire que dans les années 90 de sinistre mémoire. Elle apparaît sous des formes variées. Les prix montent, les salaires au contraire sont gelés, les gens sont tout doucement mis à la porte de leur travail.
Mais ce n’est que le début. Bientôt, les licenciements seront massifs.
On a annoncé l’arrêt partiel des chaînes de construction automobiles GAZ et KAMAZ, et les sociétés métallurgiques prévoient de réduire de 20% leur volume de production, mais c’est le secteur du bâtiment qui va souffrir le plus. Ce secteur connaissait une grande expansion ces dernières années à l’intérieur du pays. Avec l’afflux des pétrodollars sont apparus en grand nombre des millionnaires et des milliardaires qui, vu le contexte instable et la destruction volontaire de l’industrie, n’ont pu investir cet argent facile que dans l’immobilier, achetant des appartements à peine sortis de terre. Maintenant, cette bulle immobilière éclate. Déjà des entreprises du bâtiment commencent à geler des chantiers presque achevés, et dans un futur très proche, ces entreprises feront faillite. Alors des millions d’ouvriers se retrouveront à la rue.Mais ce n’est pas tout. Ces ouvriers sont pour la plupart des immigrés originaires des anciennes républiques soviétiques. Ils sont près de 6,5 millions. D’après les prévisions des économistes, seuls 1,5 millions conserveront leur travail. Plus un million qui pourra trouver à s’employer ailleurs. Certains réussiront à rentrer chez eux, mais 3,5 millions de travailleurs immigrés vont se retrouver à la rue. A Moscou, d’après certaines estimations, ils seraient 2 millions, dont la majorité, ayant perdu leur travail, n’auront pas les moyens de rentrer chez eux. Des centaines de milliers, peut-être un million de personnes vont se retrouver non seulement sans travail mais tout bonnement à la rue, au sens propre de terme. Entre la vie et la mort. Alors les grandes villes de Russie, et Moscou en premier chef seront frappées par une vague de criminalité comme il n’y en a jamais eu. Ce sera une criminalité sans pitié, une terreur générale, profondément teintée de haine ethnique et religieuse : en effet, la majorité des immigrés viennent d’Asie Centrale, avec toutes les conséquences qui en découlent.
Les propositions des économistes libéraux diffèrent peu des années 1991, quand le nombre de sociétés privées était encore réduit. Il faut « sauver » les coupables de la crise, les businessmen incapables et autres « managers efficaces » qui ont provoqué ce gâchis. Il faut, comprenez-vous, leur donner encore des crédits, comme si cet abîme n’avait pas encore englouti assez d’argent… Mais ces gens-là, le pouvoir actuel et la bourgeoisie qui l’a produit, n’ont pas pris la mesure de la situation. Pour compléter le scénario catastrophe, l’Union russe des industriels et entrepreneurs (URIE) propose par la voix de son vice-président Fiodor Prokopov un amendement au Code du travail, supprimant l’obligation de la part de l’employeur de payer des indemnités de licenciement (deux mois de salaire) en cas de réduction des effectifs. Ces messieurs ne comprennent pas qui jettent de l’huile sur le feu. Hé bien allons-y, si quelqu’un exige quelque chose il faut lui donner, même s’il ne comprend pas ce que c’est. En fin de compte, il vaut mieux une fin horrible qu’une horreur dans fin. Il semble bien qu’approche non seulement une crise économique profonde, mais aussi une violente explosion sociale que les communistes ont prédit depuis plusieurs années, sous les ricanements sceptiques des hérauts du libéralisme. Et les agissements du pouvoir bourgeois ne feront que la précipiter. Alors nous assisterons au spectacle du capitalisme parasitaire russe détruit par l’incendie qu’il aura lui-même allumé. Qui vivra verra. Copyright © kprf.ru 2000-2008
Source : pcf arras
Merci à nos camarades de la section d'Arras pour la traduction de ce texte, qui de toute évidence, gagne à être partagé.
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